Les deux récipiendaires du Prix Eco-Reportages

Emmanuel Haddad et Déborah Berthier sont les deux lauréats de la 9ème édition du concours Eco-Reportages, primés pour leurs reportages publiés en 2017 respectivement dans le mensuel Sept (Suisse) et un hors-série de Géo*. Les articles de ces deux journalistes pigistes témoignent de l’importance de préserver des modes de vie ancestraux comme le pastoralisme au Somaliland (corne de l’Afrique) ou bien la biodiversité avec une banque mondiale de graines agricoles dans un bunker glacé en Norvège.

Emmanuel Haddad (déjà lauréat lors de la 4ème édition pour un reportage diffusé en 2012) se veut raconteur d’histoires mettant en exergue des enjeux humains, sociaux et environnementaux. Il est basé au Liban depuis cinq ans après avoir travaillé et vécu en Espagne et au Niger. Journaliste pigiste, il publie dans les pages de La Croix, Le Monde Diplomatique, ainsi que dans des médias suisses, belges et numériques, des reportages donnant la parole aux réfugiés, déplacés, minorités… «Autant d’individus qui sont les premiers concernés par les bouleversements politiques, sociaux et climatiques, que j’ai envie de représenter comme des acteurs de leur destin et non comme de simples victimes démunies». Le lauréat évoque son travail : « A l’automne 2016, alors qu’une sécheresse dévastatrice frappait la Corne de l’Afrique, je suis parti au Somaliland avec la photojournaliste Adrienne Surprenant pour raconter le destin des derniers pasteurs nomades de cet Etat autoproclamé non reconnu par la communauté internationale. Leur cheptel meurt de faim, de soif et de maladies, leur mode de vie ancestral s’évapore avec la chaleur, les poussant à rejoindre les ceintures de pauvreté de la capitale Hargeisa, déjà remplies de déplacés internes et de demandeurs d’asile. Pendant un mois, nous avons passé du temps avec ces bergers transhumants, ainsi que ces déplacés liés aux conflits voisins en Ethiopie, au Yémen et en Somalie. Notre reportage s’est attaché à décrire le lien entre le changement climatique, dont les pays les moins avancés de la Corne de l’Afrique sont parmi les plus impactés, et l’émergence de conflits entraînant des déplacements de population inévitables. J’en reviens avec une conviction: au Somaliland comme ailleurs, il va être de plus en plus difficile de distinguer les déplacés de guerre des déplacés climatiques».  Emmanuel Haddad va partager son prix avec la photographe Adrienne Surprenant qui participe au collectif ITEM dont l’atelier est situé à Lyon.

> Lire le reportage d’Emmanuel Haddad « La fin du mo(n)de nomade ? »

Déborah Berthier est journaliste pigiste depuis 2013. Après une formation à l’école de journalisme de Grenoble, elle s’est installée à Lyon et collabore avec divers titres de la presse magazine, principalement sur des problématiques liées à l’environnement et/ou au développement durable. Parmi ces titres, Socialter, Mon Quotidien Autrement, We Demain, ou encore GEO, média pour lequel elle a réalisé le reportage primé par Eco-Reportages, intitulé « L’Arche de Noé de la biodiversité ». En octobre 2017, elle est partie au Svalbard, en Norvège, pour réaliser ce sujet sur la banque mondiale de graines, pour un hors-série de GEO «Ces héros qui changent le monde». Elle a pu visiter ce bunker où est stocké le patrimoine agricole de la planète, profitant de l’un des rares moments – 4 à 5 fois par an – où sont déposées des semences. Déborah Berthier ajoute : « Ce reportage, c’était aussi la découverte d’un territoire étrange, un petit bout du monde au nord du cercle polaire, dépourvu de végétation, et qui, paradoxalement, abrite tout le patrimoine agricole de la planète, ou du moins ambitionne de le faire ».

> Lire le reportage de Déborah Berthier « L’arche de Noé de la biodiversité »