Urgence : mobilisation pour sauver le Crestois

Un projet de scop, une association d’amis du Crestois, les énergies se mobilisent dans le Val de Drôme pour tenter de sauver l’hebdomadaire en redressement judiciaire. Le tribunal de commerce de Romans-sur-Isère doit rendre son jugement d’ici le 9 juin.

Le 26 avril s’est constituée une association d’amis du Crestois avec pour objet de  « Soutenir le Crestois, journal de pays indépendant, en accompagnant son développement et sa diffusion par tout moyen matériel et intellectuel. » Plus de 90 personnes avaient répondu à cet appel. L’heure est grave en effet pour l’hebdomadaire qui depuis 123 ans diffuse l’information dans le Val de Drôme. Hausse du prix du papier et concurrence des sites et plateformes numériques ont eu raison de l’acharnement du Crestois à maintenir son cap. Des difficultés rencontrées par la plupart des médias papier ces dernières années.

Assemblée générale des amis du Crestois le 26 avril 2023 à Crest

La manifestation de l’attachement des lecteurs à « leur » journal est capitale pour l’équipe de 4 journalistes et une administrative qui ont décidé de racheter le journal et de le faire vivre.

Un attachement qui s’est concrétisé également en appui financier : les habitants du territoire ont – au 2 mai – souscrit pour 45 000€ de titres participatifs (un emprunt rémunéré à 3 % par an, remboursé après 7 ans à l’initiative de la société du Crestois) et versé 15 000€ de dons.

Pour sa part, le club de la presse Drôme-Ardèche a décidé lors de sa dernière assemblée générale le 21 avril dernier de souscrire 10 titres participatifs pour un montant de 1000€.

Des soutiens au projet

Cet apport de la société civile locale vient compléter les fonds réunis par les salariés qui depuis quelques mois travaillent pour élaborer un projet de société coopérative de production. Un projet qui va être présenté au tribunal de commerce fin mai. Il est basé sur le développement de l’offre numérique du Crestois et l’externalisation de l’impression du journal.

La scop peut d’ores et déjà compter sur plusieurs sources de financement : outre l’apport des futurs salariés-sociétaires, un emprunt avec le Crédit coopératif, une garantie d’emprunt (Union régionale des Scop), un prêt à taux zéro de France Active (réseau associatif d’entrepreneurs engagés dans l’économie sociale et solidaire). Enfin, le Fonds pour une presse libre (FPL)* entrera comme associé extérieur de la Scop, aux côtés des salariés.

La scop présentera son projet au tribunal de commerce fin mai. D’ici le 15 mai, il est encore temps de souscrire des titres participatifs ou d’effectuer un don. Les journalistes sont bien sûr fortement motivés pour donner une nouvelle vie au Crestois. Ils espèrent que le tribunal fera confiance au modèle économique qu’ils ont bâti, comprendra leur engagement et leur implication locale relayée par la population du territoire. Toutefois, rien n’est gagné d’avance, car d’autres projets de reprise ont fait surface ; reste à vérifier s’ils seront déposés au tribunal et ont des chances d’être pris en considération.

LG